Des chercheurs belges révèlent le double rôle des microglies dans la maladie d’Alzheimer
La maladie d’Alzheimer, une pathologie neurodégénérative qui prive des millions de personnes de leur mémoire et de leurs capacités cognitives, reste un défi majeur pour la science. Depuis longtemps, les chercheurs savent que les cellules immunitaires du cerveau, appelées microglies, jouent un rôle central dans la progression de la maladie. Mais leur contribution exacte, parfois contradictoire, était jusqu’ici mal comprise.
Une équipe du laboratoire Bart De Strooper, au VIB-KU Leuven Centre for Brain Research, vient d’éclaircir ce mystère. Dans une étude financée par notre Fondation et publiée dans Nature Communications, les chercheurs montrent que les microglies ont une double fonction dans la maladie : elles peuvent être à la fois nuisibles et protectrices, selon le stade de la pathologie.
Un rôle changeant au fil des stades de la maladie
Dans la maladie d’Alzheimer, des plaques amyloïdes, des amas toxiques de protéines, s’accumulent dans le cerveau. Les microglies, chargées de nettoyer les déchets cellulaires, interagissent avec ces plaques, mais leur rôle précis restait flou.
Nóra Baligács, première autrice de l’étude, explique : « Les recherches précédentes donnaient des résultats contradictoires. Certaines montraient que les microglies aident à éliminer les plaques amyloïdes, tandis que d’autres suggéraient qu’elles contribuent à leur formation. Nous avons testé l’hypothèse selon laquelle leur fonction dépend du stade de la maladie. »
L’équipe a découvert que, dans les premiers stades de la maladie, les microglies favorisent la formation des plaques amyloïdes, jouant ainsi un rôle délétère. Mais à un stade avancé, ces mêmes cellules se réactivent pour compacter les plaques, limitant ainsi leurs effets toxiques et protégeant les neurones.
Des implications pour de nouvelles thérapies
Pour mieux comprendre cette double fonction, les chercheurs ont étudié l’activation des microglies au cours de la maladie. Ils ont constaté que les microglies sont initialement dans un état « homeostatique », c’est-à-dire peu actives, ce qui favorise la formation des plaques. À mesure que la maladie progresse, elles deviennent activées et adoptent un rôle protecteur.
Professeur Bart De Strooper, directeur de l’étude, conclut : « Nos travaux montrent que les microglies homeostatiques, présentes au début de la maladie, jouent un rôle nocif, tandis que les microglies activées, plus tardives, ont un effet protecteur. Ces résultats clarifient des données jusqu’ici contradictoires et ouvrent des pistes pour de nouvelles approches thérapeutiques. Mais ils posent aussi une question fondamentale : faut-il activer ou inhiber les microglies, et à quel moment ? »
Vers une compréhension accrue grâce au soutien de la recherche
Cette avancée, rendue possible par le soutien de nos donateurs, démontre l’impact essentiel des financements dédiés à la recherche. Ces travaux ouvrent de nouvelles perspectives pour mieux comprendre la maladie d’Alzheimer et orienter le développement de thérapies adaptées, au bénéfice des patients et de leurs familles.
Publication scientifique
Homeostatic microglia initially seed and activated microglia later reshape amyloid plaques in alzheimer’s disease. Baligács, et al. Nature communications, 2024. DOI: 10.1038/s41467-024-54779-w.
La presse en parle :
- DH : https://www.dhnet.be/dernieres-depeches/2024/12/18/des-chercheurs-belges-revelent-le-role-des-microglies-dans-la-maladie-dalzheimer-7YC5XNSSEJAVLCFD2NMXV34AGM/
- Le soir : https://www.lesoir.be/643262/article/2024-12-18/des-chercheurs-belges-realisent-une-avancee-majeure-dans-la-comprehension-de-la
- RTL : https://www.rtl.be/actu/belgique/societe/maladie-dalzheimer-des-chercheurs-belges-font-une-avancee-majeure-ces-resultats/2024-12-18/article/732460
- La Libre : https://www.lalibre.be/dernieres-depeches/2024/12/18/des-chercheurs-belges-revelent-le-role-des-microglies-dans-la-maladie-dalzheimer-7YC5XNSSEJAVLCFD2NMXV34AGM/